Ebranlé par des affaires de mœurs, Guy Alain Kamdem alias ‘’Capelo’’ est décédé dans la matinée du samedi 9 décembre 2023.
Le monde du football est en deuil au Cameroun. Il a perdu dans la matinée du samedi 9 décembre 2023, un de ses techniciens. Guy Alain Kamdem puisqu’il s’agit de lui, plus connu dans la ville de Bafoussam où il résidait, sous le pseudonyme ‘’Capelo’’, est décédé autour de 8 heures au Centre hospitalier régional de Bafoussam. Depuis trois mois, renseigne une source au sein de sa famille, il souffrait d’un mal dont la médecine moderne peinait à déterminer. « Quand il a été conduit à l’hôpital, nous avons été surtout surpris par son comportement étrange. Chaque fois après la consultation le matin, une quantité de médicaments qu’il devait prendre était laissée ; mais le soir les médicaments étaient toujours là. Quand nous lui demandions pourquoi il n’a pas pris ses remèdes, il disait que les ‘’gens là’’ lui ont demandé de ne pas les prendre. Lorsqu’on cherchait à savoir qui étaient ces ‘’gens-là’’, il disait que nous ne pouvons pas les voir », révèle un proche du défunt qui voit plus du métaphysique comme cause de ce décès. Or des spécialistes de la santé voient une des conséquences des persécutions qu’il a subies du fait des accusations de pratiques d’homosexualité portées contre lui.
Mort à l’âge d’un peu plus de 40 ans, Guy Alain Kamdem s’était très tôt lancé dans l’encadrement des jeunes footballeurs à travers Capefoot, le centre de formation qu’il avait créé. De cette écurie, sont sorties plusieurs générations de footballeurs devenus professionnels. Les plus illustres sont cependant Franck Kom et Adolphe Teikeu, anciens Lions Indomptables. Le second a d’ailleurs remporté avec la sélection nationale de football fanion du Cameroun, la prestigieuse couronne de champion d’Afrique lors de la Coupe d’Afrique des nations de 2017 disputée au Gabon. Sous son encadrement d’autres jeunes à l’instar Christian Landry Tientcheu Ekeu, présélectionné plus fois avec l’équipe nationale U20. Ce jeune pourtant promis à une belle carrière dans le football a malheureusement été contraint d’écourter son activité dans les stades quand des accusations de pratiques d’homosexualité contre le coach qu’il a connu lors de son passage à Fovu Club de Baham en 2016, ont éclaté.
Un palmarès entaché par des affaires de mœurs
Ce brillant palmarès pour un aussi jeune entraineur était malheureusement écorné par son implication présumé dans des affaires de mœurs. En fait, il était accusé de pratique de pédophilie sur les jeunes pensionnaires de son centre de formation. A cela, l’on ajoutait des pratiques mystiques réalisées à partir des spermes obtenus chez ses victimes à qui il promettrait une belle carrière professionnelle, mais également obtenus dans les milieux des belles de nuit. Ce qui se murmurait dans les milieux du football à Bafoussam, a fini par éclater et a suscité un tintamarre dont le retentissement est allé même au-delà des frontières camerounaises. Un an exactement avant son décès, une série d’accusations contre lui avait inondé la toile suite à des dénonciations faites par le journaliste Français Romain Molina. Après avoir recensé plusieurs personnes qui se présentaient comme des victimes, une organisation internationale avait déposé le 23 décembre 2022, une plainte au Tribunal de première instance de Bafoussam.
Cette plainte n’était qu’une parmi tant d’autres. Car dans presque tous les tribunaux du Cameroun, des plaintes avaient été déposées par d’autres plaignants. Le décès de l’accusé principal laisse ainsi et pour toujours, le flou sur la véracité ou pas des gravissimes griefs portés contre lui. D’autant plus que de son vivant, il avait toujours réfuté en bloc toutes les accusations liées à ces pratiques contre-natures, sévèrement réprimées par la loi fondamentale camerounaise. Il se disait plutôt victime d’une cabale dont les auteurs et leurs commanditaires avaient du mal à accepter qu’un jeune parti de rien, mais dont la seule passion pour le football lui avait permis de réussir là où tous ses détracteurs avaient lamentablement échoué. Mais où se trouve la vérité ? Si la mort l’a ‘’sauvé’’ de la rigueur de la loi au cas où il était reconnu coupable, qu’en sera-t-il de ses présumés complices. Christian Landry Tientcheu Ekeu par exemple contre qui a été émis un mandat de recherche est activement recherché. Sa famille qui refuse de donner de ses nouvelles, craint pour sa sécurité. Certaines sources l’annoncent hors du territoire camerounais, mais les enquêteurs attendent son retour pour le happer afin de faire avancer la procédure.
Face à la pression de présumés victimes et des Ong, la justice pourrait tout mettre en œuvre afin de rattraper et sanctionner les complices de ‘’Capelo’’ dont la mort restera un mystère comme l’avait été sa vie.
Gaël Tadj