Décès de Nkurunziza: Croustillantes anecdotes sur un président footballeur dictateur

Parallèlement à ses hautes fonctions à la tête du Burundi, Pierre Nkurunziza pratiquait le football. Mais sa présence sur un stade, poussait les acteurs à modifier de fait les règles de jeu. Sinon...

Le peuple burundais a perdu mardi 9 juin 2020, non seulement son Président de la République, mais aussi un footballeur atypique. La passion de Pierre Nkurunziza pour le ballon rond l’avait poussé à repartir son temps entre son bureau à la Présidence de la République et les stades de football. Puisqu’il était en effet attaquant et joueur vedette d’Alléluia FC, un club qu’il a créé dès sa prise de pouvoir en 2005. Cependant, les joueurs des équipes adverses avaient l’obligation de laisser sagement le président footballeur se faire plaisir et enchanter le public. Et ceux qui s’érigeaient contre cette disposition devaient en faire en frais. Le 3 février 2018, une rencontre avec le club de Kiremba a tourné au vinaigre. Malmené, Pierre Nkurunziza verra des joueurs de l’équipe adverse parfois l’attaquer de front alors qu’il avait la balle au pied. Pour ce crime de lèse-majesté, les sanctions allaient aussitôt tomber. Quelques jours plus tard, Cyriaque Nkezabahizi, l’administrateur de la commune, et Michel Mutama, son adjoint chargé du sport, ont été interpellés et écroués pour « complot contre le chef de l’État ». Leur seul pêché est d’avoir été les organisateurs de cette rencontre. Dans l’équipe qui affrontait celle du président, il y avait des réfugiés congolais pour qui le visage de Nkurunziza n’était pas familier ; et qui ignoraient les règles spéciales. Entres autres, si vous ne laissez pas Son Excellence marquer, vous jouerez jusqu’à demain ; aucun adversaire ne doit approcher Nkurunziza-balle-au-pied à moins de trois mètres ; laisser le président régner en roi au cours de la rencontre. Or « Ces Congolais ne connaissaient apparemment pas le président Nkurunziza... Ils l’ont attaqué à chaque fois qu’il avait la balle et l’ont fait tomber à plusieurs reprises, alors que les joueurs burundais prenaient soin de ne pas l’approcher de trop près », rapportait un témoin.

Aussi pendant ces rencontres, les autres membres de l’Alléluia entonnaient des cantiques à la gloire du président comme « Inkona ntiyaruzwa, kiretse twese dupfuye » qui littéralement signifie: «nul ne peut déloger l’aigle, (l'animal totem du président, ndlr) à moins que nous ne soyons tous morts ».

Décédé à l’âge de 55 ans, Pierre Nkurunziza aura à sa manière marqué l’histoire du football dans le pays qu’il a géré d’une main de fer.

Gaël Tadj

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