Le nouveau président d’AS Etoa-Meki revient sur les coulisses de la transaction entre l’ancien Lion Indomptable et lui.
Confirmez-vous l’information selon laquelle, vous êtes le nouveau patron du club de ligue 2 de football, As Etoa-meki?
C’est exact ! C’est une opération qui se déroule à plusieurs étapes et dure près 2 semaines. On commence par un protocole d’accord entre gentlemen. Nous signons ensuite d’autres actes par devant le notaire. Le processus se termine à la Fédération camerounaise de Football par le dépôt des conclusions. Dans ces démarches, je rencontre, un homme exceptionnel, l’ancien Lion indomptable, Jean II Makoun. C’est un grand sportif qu’aucun camerounais n’ignore. Il est d’une très bonne moralité et d’une grande sympathie. Il ne réside pas au Cameroun. Cette distance a milité au fait qu’il passe le club à quelqu’un qui pourra mieux assurer sa pérennité.
Cet achat s’inscrit-il dans la logique du Foot-business ?
Le terme achat n’est pas approprié. Jean II et moi préférons parler de reprise. C’est une opportunité que j’ai saisie. Mu par la volonté de continuer d’apporter ma touche au football camerounais. C’est d’ailleurs dans cette logique que je manage un club de ligue régionale du Centre depuis 5 ans. Ce club a toujours joué le dernier carré des clubs en vue de la qualification pour le tournoi Interpoules. Une chose est connue, sans avoir eu l’occasion de monter en ligue pro, nous avons toujours présenté de meilleurs atouts. « Sergent », comme on l’appelle affectueusement, m’a proposé de reprendre son club. Ceci a coïncidé avec mon vœu personnel ; celui d’évoluer en élite. Ce sera une véritable vitrine de notre groupe de management de football.
Comment vous préparez la saison ?
Le coach Monthe Joseph, bien connu, nous a rejoints. Le staff va être étoffé. Nous avons eu la meilleur kiné du championnat régional, Lucie Mbia. Elle va monter d’un cran après 3 ans en championnat amateur. Nous avons 10 joueurs de fauve azur qui vont rivaliser d’adresse à d’autres joueurs de leur catégorie. Egalement, l’actif en termes de joueurs d’As Etoa Meki va permettre de renforcer certains compartiments de l’équipe. Avec ces joueurs sélectionnés, nous composerons un groupe capable de démarrer la saison sous de bons auspices.
Quelles sont vos ambitions pour cette première aventure ?
Nous travaillons pour être meilleur en fin de saison. C’est la règle de la compétition. Toutefois, le respect des autres voudrait que nous restions modestes. Nous allons commencer d’abord par assurer le maintien. Si par la suite, nous avons une marge de manœuvre, qui nous permette de viser plus haut, nous le ferons avec beaucoup de joie.
Le nom As Etoa Meki restera ?
Nous comptons l’adapter à la vision de notre groupe. Le processus de changement peut mettre un an et plus. Nous nous astreindrons à la réglementation y afférente. A terme, le club s’appellera Fauve Azur Elite Fc.
Que deviendra Fauve Azur ?
Il restera en ligue régionale. Il y poursuivra son aventure.
Des langues se délient, affirment que votre club a raté de représenter la région du centre aux interpoules, pour des raisons non sportives, mais tribales ?
Ce n’est pas seulement l’apanage de la ligue du Centre. Le fait s’observe : revoir des clubs mythiques revenir en surface. Du coup, l’on est complaisant à leur égard. Mais la compétition repose sur des principes universels qu’il ne faut pas enfreindre. Les textes de la Fifa, de la Caf et des fédérations nationales interdisent le tribalisme et le racisme. Le Fair-play est la règle d’or. Il faut la respecter. Le Chef de l’Etat a demandé que chaque camerounais se sente chez lui partout où il se trouve sur le triangle national. Pour rendre cette idée, nous promouvons les talents, sans chercher à savoir d’où ils sortent.
L’actualité brulante entre la Fécafoot et la Lfpc n’est-elle pas de nature à vous décourager ?
J’arrive dans la grande famille du foot professionnel quand il y a cette patate chaude entre les 2 institutions. C’est dommage ! Mon souhait est que les 2 instances s’inscrivent dans une synergie d’action pour le bien de notre foot. Il y a un certains nombre de textes qui régissent le fonctionnement de la fédé et de la ligue. Il faut les décortiquer article après article. Savoir de quoi il en retourne avant de se prononcer sur cette situation qui terni l’image de notre football et de notre cher et beau pays, le Cameroun.
Cela ne pose-t-il pas un problème pour le démarrage de la saison ?
Cette situation est pénalisante pour les présidents de club. C’est embêtant de s’engager dans une compet sans avoir la certitude sur la date de démarrage. C’est par rapport à cette date de démarrage que nous allons prioriser nos activités de préparation de la saison : le casting à tous les niveaux, la préparation foncière, l’établissement d’un schéma tactique convenable à nos choix. En tout état de cause, nous sommes logés dans la même enseigne que les autres clubs. Nous avons bon espoir qu’un agenda nous sera dévoilé dans de brefs délais, intégrant le règlement de compétition.
Selon vous, pourquoi les joueurs évoluant au Cameroun n’ont plus le vent en poupe en termes d’attrait dans de grands clubs européens ?
Le constat est fait. C’est une preuve que notre football est malade. Le métier ne nourrit plus convenablement son homme. Il y a beaucoup d’incertitudes. Il faudrait sortir de cette situation. C’est pourquoi, des enfants ambitieux qui voudraient étoffer leur plan de carrière, tenteront des aventures européennes. Nous avons mal de voir certains être obligés d’aller évoluer au Gabon, en Guinée Equatoriale ou au Congo voisin. Le niveau du foot dans ces pays est inférieur au nôtre. Mais, les footballeurs y sont plus valorisés. Ils sont aussi nombreux qui vont en Europe faire des tests. Quand le test n’est pas concluant, ils prennent la poudre d’escampette. Ce qui crée un déficit dans nos ligues. Cette mauvaise presse n’est que le reflet de la gestion du foot au Cameroun. Vivement, que les choses reviennent en ordre.
Vous confessez qu’AS Etoa Meki fera la différence à ce niveau ?
Nous avons fait le diagnostic de la situation. Un certain nombre de calculs est fait. Nous sommes avertis. Nous allons faire comme d’habitude : travailler sur le budget, des moyens qui iront avec. Nous avons des partenaires et des sponsors que nous devons étoffer.
Qui sont ces partenaires dont vous faites allusion ?
Il y a des clubs et des personnes qui nous accompagnent. Un partenaire s’engage à nous offrir un terrain de 4 hectares dans la périphérie de Yaoundé. Là, nous construirons notre complexe sportif avec un stade d’entrainement, digne de nos ambitions. Nous avons l’accompagnement des clubs européens qui reste à confirmer.
Vous êtes directeur générale de la Panthère sportive du Ndé entre 2013 et 2016. Que vous rappelle votre passage au sein de ce club mythique, difficile à manager?
Je garde de très bons souvenirs. Après un match gagné, j’étais scandé et porté en triomphe comme un héros. Les supporters me faisaient traverser toute la ville à pied, sous escorte et sous fond de mélodie fredonnée par la fanfare. C’était la preuve d’un amour réciproque entre le staff et la masse populaire. C’est vrai qu’il y a un groupuscule de détracteurs. Mais ils sont très négligeables. J’ai également le souvenir de la qualité de l’équipe que nous avions mis sur pied. Cette équipe a joué successivement la finale de la Coupe du Cameroun en 2014 face Coton Sport de Garoua et en 2015, opposée à UMS de Loum. Dommage que l’équipe n’ait remporté aucune de ces finales. Je suis très fier d’être fils du Ndé crédité par ce parcours.
Votre sentiment après le sacre de la panthère pour la montée en élite one en 2019
C’est un exploit. Vous me donnez l’opportunité de saluer les acteurs de ce sacre, sous la conduite de Jules François Famawa. Je leur renouvelle mes sincères félicitations. Je sais qu’ils n’ont pas travaillé dans les conditions sereines. Je salue la bravoure des dirigeants. Nous savourons tous le fruit de leur engagement. J’ai bon espoir que le club jouera les premiers rôles dans ce championnat qui sera relevé.
Interview réalisée par Alain Ndanga
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